L’agriculture biologique peut non seulement nourrir la population mondiale, mais elle peut également faire beaucoup plus. Voyons cela.
Les contextes de la faim dans le monde
L’homme a besoin de 220 kg équivalent céréales par an pour se nourrir. On produit de quoi nourrir 12 milliards d’hommes, soit 330 kg équivalent céréale par habitants. Cependant un tiers est perdu. En outre une bonne partie des récoltes est utilisée pour les biocarburants et pour nourrir le bétail. Alors pourquoi aujourd’hui compte-t-on 800 millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim ? Ces personnes sont majoritairement des paysans. Dans les pays en développement -dont beaucoup sont d’anciennes colonies-, les agriculteurs ont été poussées à produire pour l’exportation. Ils sont donc obligés de s’aligner sur les prix des marchés mondiaux, et ne gagnent pas assez pour subvenir à leurs besoins.
- Biologie du sol et agriculture durable
- Agriculture biologique, une approche scientifique
Les limites de l’agriculture intensive (conventionnelle)
L’agriculture conventionnelle pose de nombreux problèmes pour nourrir la planète :
- Son bilan énergétique est négatif. En effet, il faut plus d’énergie pour produire 1 kg de nourriture que ce qu’offre au consommateur le kilo d’aliment
- En France, 50 % des nappes phréatiques et 96 % des cours d’eau sont pollués. Pollution engendrée en grande partie par des produits phytosanitaires
- L’agriculture est responsable de 30 % des émissions de gaz à effet de serre : la production de l’engrais nécessaire à 1 hectare pollue autant que 10 000 km en voiture
- L’agriculture intensive est mauvaise pour les sols. Dans les années 1980 on comptait 2 tonnes de vers de terre par hectare, aujourd’hui il n’en reste que 100 kg, soit 0.1 tonne
L’agriculture biologique peut nourrir la planète
Dans une exploitation biologique, on note :
- une multiplication par 5 à 10 de la rétention d’eau du sol,
- la quantité de biomasse multipliée par 10 ou 15,
- une augmentation des récoltes de 79 % en moyenne
Si les rendements peuvent diminuer de 15 à 20 % en Europe et au Canada (qui n’ont plus de semences adaptées à leurs territoires, ni les compétences qui y sont liées), ils peuvent dépasser les 100 % en Afrique. L’agriculture biologique peut donc bien jouer son rôle en apportant assez de nourriture pour tous les habitants de la terre.
L’agriculture biologique est source de richesse
Il a été démontré qu’une augmentation du PIB qui provient de l’agriculture est 2 fois plus efficace pour lutter contre la pauvreté qu’une augmentation provenant d’autres services. Cependant ceci ne fonctionne que lorsque c’est les petits producteurs, qui consomment localement, qui augmentent le PIB. Les grandes exploitations, quant à elles, investissent dans des intrants et des grosses machines, ce qui profite aux entreprises étrangères et pas à l’économie réelle.
L’agriculture biologique réduit l’exode rural
L’augmentation du revenu des agriculteurs leur permet de rester à la campagne plutôt que d’aller chercher un travail en ville, et de participer par cela à la formation de bidonvilles. En outre, l’agriculture demande une main d’œuvre importante au moment de la phase de lancement, ce qui crée de l’emploi et évite la paupérisation.
- Agriculture biologique: Les grands principes de production et l’environnement professionnel
- Le pari fou du bio: Combats de l’agriculture biologique des années 60 à nos jours
L’agriculture biologique favorise les cultures variées au sein des exploitations. Elle améliore donc la qualité de l’alimentation et des sols. Elle apporte aux paysans un revenu décent, qui peuvent alors se nourrir et faire revivre les campagnes. La boucle est bouclée.
Que retenir de l’agriculture biologique ?
Si les agriculteurs font partie de la solution pour nourrir une population de plus en plus nombreuse, les consommateurs, qui sont à l’autre bout de la chaîne, ont aussi un rôle à jouer.
Pour aller plus loin sur l’agriculture biologique
- Rapport du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation au conseil des droits de l’homme
- L’agroécologie – Cours Théorique: Une agriculture biologique artisanale et autonome