Un éléphant dans un jeu de quilles : L'homme dans la biodiversité

Un éléphant dans un jeu de quilles nous invite à la découverte de la planète et de ses richesses. Partons à la recherche de la place de l’homme dans la biodiversité.

En utilisant de nombreux exemples parmi les espèces tant animales que végétales, l’auteur nous emmène dans un voyage à travers l’histoire de la vie. Il nous raconte comment, en évoluant côte à côte, les individus se livrent une bataille féroce pour l’accès à la nourriture, la reproduction et la protection des prédateurs. Et comment ils s’associent, que ce soit au sein d’une même espèce ou non, pour les mêmes raisons. Loin des discours habituels sur les animaux qu’il faut sauver à tout prix, R. Barbault nous fait découvrir une planète qui change au grès du temps, ainsi que ses habitants qui s’y adaptent -ou meurent-. Et nous laissent entrevoir quelques pistes pour remédier à la diminution de la biodiversité.

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Un éléphant dans un jeu de quilles : L'homme dans la biodiversité

De sommets en conférences, l’avenir du climat -et par là même celui de la terre- est débattu. On y retrouve régulièrement une approche antagoniste qui oppose les amoureux des bébés phoques souhaitant revenir à l’âge de pierre aux pros évolution pour qui toutes solutions passent forcément par la technologie. Or, si le but de ces rencontres est de trouver une réponse commune aux problèmes posés par le réchauffement climatique, il faut impérativement changer de point de vue. Le futur passe par une vision commune des choses.

Le but de ce livre est de « comprendre la crise écologique naturelle ». Il se décline en 3 parties. Dans la première, l’auteur y parle du développement durable naturel, qui existe depuis que le monde est monde. Dans la deuxième, il traite de l’entraide des espèces pour la survie et pour l’évolution. Enfin, il explique le rôle de l’homme dans l’extinction de masse actuelle afin d’en tirer « une stratégie de sauvegarde durable de la nature ».

Changer pour durer

Des crises d’extinction ont eu lieu au cours des temps. La plus célèbre d’entres elles a vu l’extinction des dinosaures. A chaque fois, elles ont été suivies d’évolution des populations restantes. Toutes sont la conséquence d’une crise géologique ou climatique. Toutes sont des créatrices de biodiversité. Hors crises, la diversité du vivant naît des erreurs de réplication de l’ADN et de la reproduction sexuée.

La nature élimine les variations génétiques qui sont les moins adaptées à l’environnement. Alors comment ce fait-il qu’on voit autant de variétés différentes ? Tous les organismes ne devraient-ils pas être semblables, aujourd’hui ? Cela s’explique en fait par la vulnérabilité des populations trop uniformes. Comme on le voit avec les espèces sélectionnées pour la culture, une trop grande homogénéité est nocive. C’est ainsi que les variétés cultivées dans nos champs, quasiment toutes voisines, sont très sensibles aux maladies. Si les exploitants agricoles prisent des populations hétérogènes, les écologues préfèrent quant à eux une variété plus grande au sein des populations. Ainsi, la biodiversité permettrait une meilleure résistance aux maladies, aux invasions d’autres populations et une richesse accrue des herbivores et carnivores. Une étude a d’ailleurs montré que la productivité des prairies diminuait avec le nombre d’espèces. La diversité génétique, qu’elle soit au sein d’une même espèce ou dans un milieu donné, permet d’assurer la survie de tous.

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Ce papillon blanc d’Angleterre est devenu noir dans la région la plus industrielle du pays. Les papillons ont l’habitude de se cacher sur les bouleaux, dont le tronc est blanc. Avec la pollution des usines, les troncs sont devenus noirs. Les papillons blancs étaient alors très visibles et ont été mangés. Ceux qui possédaient la mutation génétique « couleur noire », rare à l’origine, ont survécu et se sont reproduits. Le gène « couleur noire » s’est donc répandu dans la population de papillons dans la région polluée.

La sélection naturelle est à l’origine de l’évolution des espèces. C’est grâce à elle que les populations s’adaptent à leur milieu. L’homme, on l’a déjà vu, a aussi effectué une sélection : il a choisi certaines espèces animales et végétales et a permis à certains individus seulement de se reproduire. Il créé de nouvelles espèces adaptées aux demandes des consommateurs, ou plus résistantes aux maladies. Cependant cela s’accompagne d’un appauvrissement génétique au sein de la population considérée.

La reproduction sexuée est demandeuse en énergie. Or la biologie a horreur du gaspillage. Si celle-ci existe, c’est qu’elle apporte un avantage. Et cet avantage, c’est un brassage génétique absent de la reproduction asexuée. Dans cette dernière, les enfants sont strictement identiques aux parents. En cas de crise (maladie, invasion par une autre espèce, changement du milieu,…), avec une population identique, si l’individu d’origine est atteint alors toute la population est atteinte. Avec la reproduction sexuée, qui apporte une diversité génétique, certains individus pourront survivre. La « diversité apparaît donc comme une assurance sur l’imprévu ». La reproduction sexuée permet, par exemple, de conquérir plus rapidement de nouveaux milieux, d’être plus résistants aux parasites ou aux pathogènes. La reproduction sexuée a créé 2 types d’individus : mâles et femelles. Elle permet donc une spécialisation des individus et a introduit la sélection sexuelle.

Toutes les espèces sont interdépendantes : les végétaux dépendent du soleil, les herbivores des végétaux, les carnivores des herbivores.

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Lors de son tour du monde, Darwin arrive aux îles Galapagos. Là, il s’aperçoit que sur chacune des îles habite une espèce de pinson qui lui est propre, semblable aux autres mais également différente. Il note alors que chaque espèce s’est différenciée, à évolué, afin de s’adapter au mieux à l’île sur laquelle il réside. Celles qui se nourrissent de graines ont un bec épais pour les écraser, celles qui mangent des insectes en ont un beaucoup plus fin.

Le but de tout individu est de se nourrir, de ne pas servir de repas à un autre animal et de produire une descendance. Les comportements que cela implique sont transmis par les gènes. Les pressions de compétition engendrées permettent une sélection des individus, et donc des gènes. Elles sont organisées, emboîtées les unes dans les autres, et en constante évolution. Si un prédateur évolue pour être plus efficace, sa proie devra également évoluer afin de survivre. C’est une course sans fin appelé coévolution. La reproduction sexuée pourrait servir aux hôtes à se défendre contre leurs parasites par le brassage génétique. Certains parasites, quant à eux, modifient le comportement ou l’apparence de leur hôte afin que celui-ci soit mangé par le prochain hôte dont il a besoin : c’est le processus de facilitation.

La biosphère est l’ensemble des écosystèmes (= un milieu, les espèces qui s’y trouvent et les flux d’énergie qui le traversent) présents sur la terre. Vu d’en haut, elle a l’air à l’équilibre. Cependant les populations ne sont pas à l’équilibre. La croissance de chaque population est limitée par la quantité de nourriture disponible et ces dernières varient au cours de chaque génération.

S’associer pour gagner

Même si de nombreuses oppositions sont présentes dans la nature, il existe également de multiples coopérations. Elles ont lieu soit au sein d’une même espèce soit entre espèces. C’est le sujet de cette deuxième partie.

La vie en société fait partie de l’évolution du vivant. La sélection naturelle favorise les meilleurs reproducteurs. La coopération permet de limiter la prédation et d’augmenter le succès des chasses : elle est utile pour l’accès à la nourriture et éviter les prédateurs. Mais elle est apparemment en opposition avec la sélection sexuelle. Chez certaines espèces, les individus favorisent la reproduction d’un autre aux dépends de la leur. Cela s’explique par le fait que nos gènes ne sont pas uniquement transmis lorsque nous nous reproduisons, mais également lorsqu’un membre de notre famille a une descendance. Il peut donc être intéressant pour la transmission de mes gènes d’aider un autre à se reproduire. De même, cela peut être utile de se sacrifier -d’un point de vue génétique- pour sauver plusieurs de mes proches si cela permet de sauver des copies de mes gènes. On parle alors de succès reproductif global. L’altruisme réciproque est une forme de coopération qui a lieu lorsque les individus se rencontrent souvent. Il consiste en une aide fournie à un autre qui rendra la pareille dès que l’occasion lui en est donné.

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Selon l’auteur, la meilleure réussite des symbioses (2 espèces qui coopèrent jusqu’à n’en former plus qu’une) est la cellule eucaryote (celle avec un noyau). A l’origine, ses mitochondries auraient été des bactéries indépendantes. Les deux organismes auraient alors fusionné, les cellules apportant la sécurité et les mitochondries l’énergie.

Il existe également toute une série d’autres interactions possibles entre espèces. Le commensalisme a lieu si une espèce se sert d’une autre sans lui nuire (comme les rats et les souris se servent des hommes). Le mutualisme est une interaction où les 2 espèces sont gagnantes. C’est le cas de la relation qui lie les animaux qui se nourrissent des parasites d’autres espèces. Comme toutes choses en écologie, ces relations peuvent évoluer, et passer de l’une à l’autre. En outre, l’agriculture est une forme de mutualisme. L’homme a sélectionné de nombreuses espèces végétales et animales qui n’existeraient pas aujourd’hui sans lui.

L’espèce humaine, via l’agriculture, est une créatrice de biodiversité. Auparavant, les plantes sauvages au bord des cultures se croisaient avec celles cultivées. Elles apportaient de nouveaux gènes, favorisant alors la protection contre les aléas climatiques ou les prédateurs. Les croisements ont été de plus en plus sélectionnés par l’homme. Les variétés ainsi obtenues ont un rendement meilleur que les plantes sauvages. Cependant ces dernières ont pratiquement disparu. De nos jours, les plantes cultivées ne s’améliorent plus par croisement avec les variétés sauvages locales. Cette sélection intensive par l’homme est la cause de l’extinction de nombreuses espèces. De plus, les nouvelles variétés sont plus sensibles à certains ravageurs. C’est cette faiblesse génétique qui a causé, en 1845, une famine en Irlande. Elle est dûe à une épidémie de mildiou sur des plants de pomme de terre, tous sensibles car tous issus de la même lignée. De même, l’homme a domestiqué les animaux, afin de s’en servir pour manger, pour cultiver, pour garder… Mais le mutualisme s’étend un peu plus loin dans nos assiettes. En effet, les fromages, formés de lait et de moisissures, correspondent également à la définition.

Vivre contre… ou avec la nature ?

Les changements provoqués par l’homme affectent l’ensemble de la planète. La troisième partie du livre décrit certains de ces changements, en recherche les causes et essaie de trouver une solution afin que notre espèce cohabite intelligemment avec les autres.

L’homme pille sans relâche et sans vergogne les ressources à sa disposition. Mais de plus en plus, il semble prendre conscience de sa place. Augmentation de la population, urbanisation, libération de dioxyde de soufre dans l’atmosphère, etc. La liste est longue. L’Homo sapiens est responsable d’une nouvelle crise d’extinction de masse. Or, il détruit en même temps ses chances de survie.

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De nombreuses îles sont restées inhabitées pendant longtemps. Il y est donc aisé d’étudier l’impact de l’arrivée des hommes. La Corse en fait partie. Toutes les espèces présentes jadis ont disparu, remplacées par d’autres. Cela a commencé avec l’extinction des grands mammifères, puis des animaux plus petits. En même temps apparaissent les troupeaux domestiques. Certains sont retournés depuis à l’état sauvage. Puis des animaux sont introduits pour être chassés, et pour finir on voit émerger les espèces commensales et anthropophiles.

Les invasions biologiques sont dues à l’introduction d’un nouvel organisme dans un milieu où il était absent. Avec l’augmentation du trafic maritime ou aérien, l’homme en est un pourvoyeur important. On estime aujourd’hui les invasions comme étant la deuxième cause d’extinction d’espèces. De même, les pullulations de ravageurs sont amplifiées par l’homogénéité des cultures. Elles aussi ont causé des extinctions en masse. Les agents pathogènes, quant à eux, évoluent plus rapidement qu’auparavant grâce à une utilisation trop importante de produits chimiques censés les tuer.

Il est prévu que les espèces disparaissent à un rythme de plus en plus soutenu. Le taux d’extinction actuel serait 100 fois supérieur au taux naturel. Le nombre d’individus d’une espèce permet de déterminer si elle est en danger d’extinction. La taille de son territoire y joue aussi un rôle prépondérant. Il existe 3 grandes causes de disparition d’une espèce : 1) la dégradation de son milieu, 2) la surexploitation des populations et 3) l’arrivée d’espèces exotiques. Le changement climatique risque ici de faire effet boule de neige et de précipiter les choses. En outre la disparition d’une espèce menace les espèces qui s’en nourrissent.

Jadis c’est la sélection naturelle et ses gènes qui décidait qui se reproduisait ou non. C’est maintenant le commerce qui a endossé ce rôle. C’est l’économie qui mène les hommes et leur comportement, et non plus leurs chances de transmission des gènes. On a même donné un prix aux services écologiques que peut nous rendre chaque milieu, chaque espèce ! Si les plantes et les bêtes font partie de l’héritage culturel des pays, elles représentent également une ressource. Elles donnent des médicaments, elles sont un pool de gènes pour préserver nos cultures des ravageurs.

L’eau potable de la ville de New-York provient du bassin versant Catskill-Delaware. L’eau des montagnes environnantes est lentement purifiée et fournit jusqu’à 6.8 milliards de litres par jour ! Les plantes qui y poussent captent la pollution, pathogènes ou encore métaux lourds sont retenus. Avec le développement du siècle dernier, l’écosystème a été saturé. Restait à la ville 2 options : payer pour le traitement de l’eau (et la facture s’annonçait salée) ou restaurer le bassin versant. C’est la deuxième option qui a été retenue.

Sauvegarder une espèce phare (c’est-à-dire une espèce connue et appréciée du grand public, comme le panda ou l’éléphant) revient également à protéger son milieu. Or les espèces les plus visibles -les plus grosses- sont aussi celles qui demandent beaucoup d’espace ! L’économie moderne nous pousse à toujours plus consommer. L’économie écologique, monétisant les services que peut nous rendre l’environnement, peut être un moyen d’en sortir.

Cependant, il faut être capable de changer et d’avoir une vision durable et planétaire. Le premier parc national au monde, Yellowstone, est crée en 1872. En France le parc de la Vanoise date de 1963. L’idée du développement durable se répand : on doit inclure nos activités dans l’environnement, et non plus geler de grands espaces. Les « réserves de biosphère » essaient de répondre à cette attente. Elles possèdent une fonction de conservation, mais aussi une fonction logistique et de développement. Par exemple, des zones d’activités économiques durables y sont implantées. Ainsi, le développement de l’économie écologique apparaît comme une solution pour le futur de la planète. De même, afin de lutter contre les ravageurs au sein des cultures modernes, on peut utiliser des nouvelles variétés résistantes ou un  mélange de différentes variétés.

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Un éléphant dans un jeu de quilles est un livre passionnant. Facile à lire pour les néophytes, rempli d’anecdotes sur la vie animale et végétale, il permet aux écologistes confirmés de réviser agréablement leur matière de prédilection. Il apporte également quelques solutions pour sortir du dualisme nature vs homme et enfin évoluer en pleine conscience.

Un éléphant dans un jeu de quilles, Robert Barbeau, Ed. Points, 242 p.

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FAQ

Où vivent les éléphants ?

Les éléphants vivent principalement en Afrique et en Asie, dans des habitats variés tels que les savanes, les forêts tropicales et les zones humides. Ils sont des animaux sociaux qui se déplacent en troupeaux dirigés par une femelle dominante appelée matriarche. Les éléphants ont besoin d'énormes étendues de terres pour se nourrir et se déplacer, ce qui rend leur habitat naturel vital pour leur survie.

Malheureusement, la destruction de ces habitats par l'homme est l'une des principales menaces pesant sur les populations d'éléphants sauvages dans le monde.

Quel est le milieu de vie des éléphants ?

Les éléphants vivent principalement dans des milieux de vie appelés savanes, forêts tropicales et marais. Ces animaux sont adaptés à divers environnements mais préfèrent généralement les zones où ils peuvent trouver de la nourriture abondante comme l'herbe, les feuilles et les racines.

Les éléphants peuvent passer une grande partie de leur journée à chercher de la nourriture pour répondre à leurs besoins énergétiques élevés. En outre, ils passent également du temps près des points d'eau pour se baigner et se rafraîchir.

Combien de temps peuvent vivre les éléphants ?

Les éléphants peuvent vivre en moyenne jusqu'à 60 ans dans la nature. En captivité, ils peuvent vivre encore plus longtemps, jusqu'à 70 ans voire plus. Leur espérance de vie dépend notamment des conditions de vie et de leur environnement.

Les éléphants sont des animaux incroyablement résistants et robustes, capables de survivre pendant de nombreuses années.

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